Lavangeot connu du monde entier // Des animaux en liberté à nos portes. / Ah les vaches / Et l'on reparle du lavoir... / Sacré Francis !

Lavangeot visible du monde entier.

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Les avez-vous observés en liberté à nos portes ?






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Le Loup et le Chien


http://www.jdlf.com/website/images/gray_pix.jpg

Un Loup n'avait que les os et la peau, 
Tant les chiens faisaient bonne garde.
 
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
 
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
 
L'attaquer, le mettre en quartiers,
 
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
 
Mais il fallait livrer bataille,
 
Et le Mâtin était de taille
 
A se défendre hardiment. 
Le Loup donc l'aborde humblement, 
Entre en propos, et lui fait compliment
 
Sur son embonpoint, qu'il admire.
 
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
 
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
 
Quittez les bois, vous ferez bien :
 
Vos pareils y sont misérables,
 
Cancres, haires, et pauvres diables,
 
Dont la condition est de mourir de faim.
 
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
 
Tout à la pointe de l'épée.
 
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
 
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
 
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
 
Portants bâtons, et mendiants ;
 
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
 
Moyennant quoi votre salaire
 
Sera force reliefs de toutes les façons :
 
Os de poulets, os de pigeons,
 
Sans parler de mainte caresse. "
 
Le Loup déjà se forge une félicité
 
Qui le fait pleurer de tendresse.
 
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
 
"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
 
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
 
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
 
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
 
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
 
- Il importe si bien, que de tous vos repas
 
Je ne veux en aucune sorte,
 
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
 

Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.  

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Ah les vaches ...!
                                         
     Grâce à leur abondante production laitière servant à fabriquer l'exceptionnel fromage de''comté'', elles étaient l'objet de tous les soins. Mais certains aléas plus ou moins dramatiques pouvaient mettre leur vie en danger. Des circonstances imprévisibles, comme la foudre qui s'abat sur un grand chêne, sous lequel les bêtes s'étaient abritées, amenaient la désolation. J'ai vu lors d'un orage violent, deux bêtes mortes foudroyées.

     Il y eut aussi un cas où une vache enlisée jusqu'au cou dans dans le ''Bi'' (ruisseau) du pré du Riou, donna beaucoup de sueurs froides au propriétaire. C'était une bonne laitière aux cornes majestueuses, la plus belle du troupeau. Tout le village et surtout le paysan accourut pour sauver la bête en péril. De fortes cordes furent fixées à ses empaumures et une dizaine d'hommes commencèrent à tirer, sans résultat. Alors ! Renfort de cordes, renfort de gaillards et de gaillardes, tous les êtres valides étaient à l'ouvrage.



Le travail de halage commençait à donner  un résultat. Soudain l'une des cordes se rompit, et tous les protagonistes se retrouvèrent dans le pré, cul par dessus tête. Rigolade générale, sauf du propriétaire en sueur. Le plus piquant de l'histoire fut que les hommes constatèrent gauloisement que les femmes en recherche d'équilibre vertical dans le pré, avaient une petite culotte...enfin on peut leur faire confiance ! Bref, en redoublant de cordes et de courage la bête fut sauvée.

     Un autre drame rarissime, s'est produit lorsqu'une vache aventureuse avait sauté de son enclos, pour aller brouter dans une plantation de trèfle. Le soir à l'heure du retour à l'écurie pour la traite, il manquait une bête. On la retrouva vite, gisant sur le flanc, respirant à peine et le ventre gonflé. Le paysan comprit qu'elle avait ingurgité, plus que de raison, du trèfle ou de la luzerne, qui dans l'estomac dégage énormément de gaz. Conséquence : la vache a la gonfle et ne peut plus respirer ; le gaz accumulé dans l'estomac est de l'hydrogène sulfuré toxique et nauséabond. Il peut s'infiltrer dans les tissus et putréfier les chairs. Devant le constat de cette vache bien mal en point, on lui perça le ventre avec un pieu acéré,et on l'amputa de ses quatre tétines pour faire couler le sang, et empêcher que les chairs soient contaminées, la viande pouvant ainsi être récupérée. Hélas ! Il n'en fut rien, la bête était déjà putréfiée par le gaz toxique. Elle fut bonne pour l'équarrissage, et le paysan ravala sa rancoeur : du lait en moins, et trois cents kilos de viande inconsommable.

                                      
En fait la vache était la vedette permanente de la vie rurale. Après la traite du matin, du soir, les vaches faisaient à heures fixes, des  allées et venues du pré à l'écurie, au son de leurs clarines. Le ramassage du lait se faisait immédiatement après les traites, par le camion de la fruitière qui desservait plusieurs villages. Au passage du laitier on pouvait se procurer du lait frais, et sur commande, le beurre, la crème et le fromage...et surtout venir aux nouvelles.

Tout était minuté pour que le lait parvienne à la laiterie avant que la crème ne soit remontée à la surface. Pas de conservateur, pas d'adjuvent et précieux liquide se retrouvait très vite à la laiterie de Romange, dans des grandes cuves en cuivre, chauffées au bois. L'art du fromage était de surveiller les grands récipients qui chauffaient tout doucement à une température très contrôlée sous l'oeil averti du spécialiste.          


A la campagne, il y avait le temps des semis, celui de la fenaison, celui des moissons, celui des regains, celui des vendanges, celui des labours. Mais le temps des vaches laitières, c'était tous les jours, toute l'année. On vivait ainsi à Lavangeot et dans toute la Franche-Comté.
                 
                                                               MAX   BERNARD





TISSU ASSOCIATIF ?...

Heureux temps, pas très ancien, où dans tous les villages il existait des associations instinctives, permanentes et naturelles, sans avoir besoin d'une carte d'adhérent.
Ainsi lors du temps de la batteuse, toutes personnes valides participaient à ce rude travail, paysans ou non. Pareillement pour les vendanges, ou pour sauver une vache enlisée jusqu'au cou ou en difficulté de vêlage ; les voisins répondaient toujours présents. Le jeu de quilles du dimanche était ouvert à tout le monde, nul besoin d'un laissez-passer. Les réjouissances pour le 14 juillet et les fêtes patronales étaient réglées par le maire et ses conseillers. Le plus important était de compter le nombre de participants, de peaufiner le détail du banquet chez la Mère Bataillard.
On ne demandait pas la carte d'anciens combattants, car chacun connaissait la vie de l'autre. On se parlait beaucoup, s'entraidait souvent, et on riait au seul café du village d'anecdotes plus ou moins croustillantes. Chaque  habitant avait sa place, son originalité,et ses surprenantes habitudes. Pour les comportements cocasses de certains, je pense d'abord au père Touillard. Agé de 70 ans, toujours sur son antique vélo sans frein, il avait une très spectaculaire façon de s'arrêter. Tout en roulant, il quittait brusquement son engin en sautant en l'air, les jambes écartées. Dès qu'il touchait le sol, bien campé, il rattrapait sa bicyclette par le porte-bagage. On ne l'a jamais vu rater son coup. Essayez pour voir ! Cet homme était réputé très sobre, dixit son épouse Henriette. Lors de réunions amicales entre voisins, il était de coutume de sortir le pichet de vin rouge. Henriette intervenait brusquement et lançait ''Touillard a pas soif''. Il faisait la sourde oreille, mais elle en rajoutait, il coupait court brutalement et lui disait : ''Tu me casses les c.......''. Dont acte.
Un autre cas de grande notoriété était Francis Portier. Retraité subalterne de la SNCF, il était plus savant qu'un grand ingénieur. N'avait-il pas fabriqué de ses propres mains une lunette astronomique en usinant les pièces à la main ou avec ses machines. La partie optique avait été commandée chez un grand spécialiste parisien. Le résultat était un bijou en cuivre parfaitement utilisable par de belles nuits étoilées.
Comme tout grand créateur, il dormait peu...et on en savait quelque chose. Souvent les nuits d'été, vers deux heures du matin, il lui prenait une envie urgente de couper son bois avec une scie circulaire, de sa fabrication bien sûr ! Le moteur par lui-même n'était pas très bruyant, par contre le son strident émis par la scie qui entaillait le bois était épouvantable. Et dans le village, on était réveillé aussi surement que si l'on avait une rage de dents ! Le lendemain, des mines renfrognées commentaient aigrement ses activités nocturnes. Nul ne lui fit de remarques acerbes, brave homme perdu dans ses nuages... On lui pardonnait en bougonnant.
Le Père Portier n'étant pas un paysan dans l'âme, il lui prit un jour l'idée, urgente comme d'habitude, de bétonner les allées de son immense jardin pour éviter de salir ses sabots, et ne pas ramener de terre à la maison. Le résultat fut à la hauteur de son génie. Très beau travail de maçonnerie tirée au cordeau, qui transformait son jardin en maquette de cité de banlieue, parsemé de quelques ilots de verdure. Bâtisseur et créateur, oui. Ecolo ? Pas du tout.
Pour terminer, parlons de Mademoiselle Irma. C'était une vieille fille très rustique et un peu limitée. Dans la ferme familiale, son travail était de s'occuper du troupeau des moutons. Dès le lever du jour elle partait faire pâturer sa cinquantaine de bêtes. Problème pour le voisinage, elle ne suivait son troupeau qu'un long moment après l'avoir libéré. Si bien que les moutons livrés à eux-même se permettaient de goûter aux merveilles potagères des voisins. Ma sœur Tanet en fît l'amère expérience en constatant que ses boutures de géraniums avaient servi d'en-cas au troupeau !  L'habitude était alors prise par les victimes des harcèlements ovins, de lorgner l'arrivée des bêtes et de les mettre très brutalement dans le droit chemin.
Ainsi allait la vie à Lavangeot. Les liens entre villageois se tissaient naturellement, par mille anecdotes largement commentées chez la Mère Bataillard et au moment du passage des marchands ambulants et bien entendu au lavoir communal !
MAX BERNARD



Sacré Francis !
Presque tous les habitants de Lavangeot, en dehors de leurs occupations habituelles, rendaient de nombreux services à la communauté.
Ainsi, Léon Berrod, maire et retraité des PTT, faisait office de cordonnier et de dépanneur en électricité. Jacqueline Thurel, agricultrice, n'hésitait pas à prodiguer des soins à domicile...et même des piqures. Hélène Thiébaud, elle aussi agricultrice préparait tous les jours les repas d'une voisine très âgée, impotente et aveugle. Quant à Francis Dugand, peintre-plâtrier, il cumulait aussi la lourde de pompier volontaire. Il était même responsable du bon fonctionnement de la pompe à incendie. Rendez-vous compte : s'occuper d'un engin préhistorique, très lourd, ne pouvant être tiré que par un cheval, n'était pas une mince affaire. De plus il fallait quatre gros costauds pour actionner manuellement cette pompe à balancier aspirante et foulante destinée à projeter de l'eau sur un incendie. Francis était un homme serviable mais discret. Et pourtant à lui seul sans le savoir, il rythmait quand même la vie de tous les habitants. Voilà pourquoi ! Il utilisait pour son travail quotidien une voiture CITROEN décapotable datant de 1919. On pouvait encore admirer ce qui restait de ses sièges en moleskine, ses jantes lenticulaires en acier, et bien sûr la roue de secours bien en évidence sur le côté.
 Par commodité pour le transport de son attirail de plâtrier, il y a belle... lurette que la capote avait été mise au rancart. Il profitait donc de l'avantage d'une décapotable, toujours décapotée...par tous les temps.



Mais l'âge a ses raisons, et les courants d'air permanents lors de ses déplacements, lui avaient fragilisé une carcasse devenue douloureuse. Aussi, envisageait-il de changer de standing, par l'achat d'une nouvelle voiture. Et puis ce vieil engin bruyant, pétaradant, grand consommateur d'essence, était vraiment à la limite. On l'entendait de loin, et personne dans le village ne pouvait manquer de savoir quand Francis partait au travail, et en revenait. Son engin, hors d'âge, lui donnait une notoriété qu'il n'avait jamais envisagée. Surtout que si l'on n'entendait pas le bruit familier de ses pétarades quotidiennes, on s'inquiétait pour sa santé. Bref ! Tout bien réfléchi notre homme décida d'acheter une voiture neuve, bien moderne, bien pratique et fermée. Satisfait de CITROEN, et il y avait de quoi après plus de trente ans d'usage, il porta son dévolu sur la 2CV fourgonnette de la même marque.



Ainsi fut fait, mais l'apprentissage de la conduite de cette voiture fut très laborieux. Il avait lu dans la notice d'utilisation, que le régime le plus économe en conduisant était la 4ème vitesse (à l'époque la surmultipliée). Il n'avait pas intégré que les trois premières vitesses étaient fort utiles et pendant des semaines il démarra en 4ème. Il avouait humblement que sa voiture n'avançait que par à coup, qu'il était trop secoué, et regrettait presque , la larme à l'œil, son ancien véhicule. En attendant des jours meilleurs, il peaufina son apprentissage sur sa 2CV. Il se mit à rouler tout doucement, mais en utilisant exclusivement la 1ère ou la 2ème vitesse. Il n'était pas secoué, mais consommait beaucoup d'essence, faisait presque autant de bruit que la précédente, la pétarade en moins.
Ainsi les villageois connaissaient toujours, par le bruit du véhicule, ses horaires de travail. Rien de grave... les gens aiment bien savoir ce que font leurs voisins.
MAX BERNARD